VOSGES ET ALSACE / OCTOBRE A DECEMBRE 1944
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VOSGES ET ALSACE / OCTOBRE A DECEMBRE 1944
VOSGES ET ALSACE / OCTOBRE A DÉCEMBRE 1944
Le 20 septembre 1944 après la poursuite aux trousses des allemands retraitant du sud de la France, le contact est rétabli sur l'ensemble du front de la 1° Armée française. Tous les renseignements indiquent un raidissement de la résistance allemande à hauteur de Belfort.
Les unités venues de Provence sont à bout de souffle et leur matériel est dans un état pitoyable. Les deux divisions d'infanterie marocaine, arrivant d'Italie tardent à rejoindre faute de véhicules et de carburant. Le temps est devenu pluvieux et froid alors que les tenues d'hiver sont dans les bagages en panne à Marseille, Toulon ou Naples.
Fin septembre 1944 à son PC de Rougemont, le général de MONSABERT persuade le général de LATTRE que le dispositif allemand au nord de la trouée de Belfort manque de consistance. L'avance par les Vosges est envisageable, elle est même la seule possible dans l'immédiat compte tenu de la lenteur de l'acheminement des troupes, du matériel et des ravitaillements nécessaires à la grande offensive devant Belfort.
Pour le commandant de la 1° Armée la manœuvre par les Hautes Vosges a 2 avantages: elle n'exige pas une grande participation de l'artillerie et elle devrait surprendre l'ennemi préoccupé par la poussée constante plus au sud.
Le report de l'effort de la 1°Armée de la droite sur la gauche peut amener la pénétration en Alsace avant les grands froids et économiser une bataille de rupture à échéance incertaine dans la trouée de Belfort en menaçant d'encerclement des divisions allemandes qui la défendent.
L'attaque partie le 4 octobre se solde par l'échec des chars de la 1° DB appuyée par les tirailleurs algériens et les parachutistes. Reprise le lendemain avec l'ensemble de la 3° DIA, elle aboutit après 5 jours de combat acharnés à la conquête de la crête de Longegoutte base de départ de l'offensive au delà de la Maselotte.
Les éléments du 1 RCP infiltrés dans la nuit, compagnies les unes derrières les autres, chaque homme tenant le précédent par la musette d'assaut, se sont enfoncés de 8km dans la forêt de Gehan et se trouvent isolés. Les blessés s'entassent au PC du régiment, certains meurent faute d'avoir pu être opérés à temps. Un convoi de ravitaillement et d'ambulances permet d'évacuer les blessés et de répartir vivres et munitions entre les compagnies.
Le 9 octobre, l'attaque repart conter Winterlinie. Du 11 au 14 octobre, attaques et conter attaques se succèdent dans le froid et la pluie. Les grenadiers allemands opposent une résistance farouche aux goumiers et tirailleurs engagés aux cotés des parachutistes et des FFI venus à la rescousse. Les chars progressent avec difficulté sur les pistes de montagne et avancent au pas des fantassins.
Les régiments ont leur 3 bataillons en ligne, harcelés jours et nuits par l'artillerie adverse, ravitaillés par mulets avec à peine un repas par jour. Les pertes s'alourdissent et la situation des FFI commence à donner quelques inquiétudes. La division algérienne et les goumiers sont à la limite de l'épuisement. Pour les épauler un régiment frais de la 4° division marocaine destiné à l'exploitation vers la plaine d'Alsace leur est adjoint. C'est le 6° RTM qui est ainsi chargé comme les parachutistes du 1° RCP et les commandos du Groupement d'Afrique pour les blindés de la 1° DB d'ouvrir la voie à la 3° DIA.
Débarqué le 2 octobre au Dramont le régiment et son échelon muletier ont rejoint 10 jours plus tard la région de Saulxures. L'objectif est le Haut du Faing. L'attaque débute le 16 octobre au petit jour. Très vite les combat atteignent une rare violence. Les munitions manquent et les chars doivent intervenir pour éliminer les résistances. Les cadres ou les servants d'armes automatiques sont particulièrement visés par les snipers qu'il faut déloger au mortier sans se servir de la plaque de base. L'objectif est enfin coiffé en début d’après midi. Pour rendre compte les postes radios sont noyés sous la pluie ou les émissions sont arrêtées par les nombreux masques.
Le 17, l'ennemi tente de reprendre le Haut du Faing. Entre 6heures et 9 heures du matin il contre attaque à quatre reprises avec chaque fois la valeur de 1 à 2 compagnies appuyées par de violentes concentrations d'artillerie et de mortiers.
Le bataillon de réserve doit être engagé pour permettre de garder la position.Les pertes sont lourdes dues aux obus fusants dans les sapins. Les blessés quittant les lignes jettent leurs munitions à ceux qui restent.
A 9h30, le silence retombe, d'abord cloué au sol le bataillon d'assaut ennemi se replie en débandade laissant les morts sur le terrain.
Le 6° RTM a perdu une centaine d'hommes pour s'emparer du Haut du Faing, il lui en coute 700 autres pour le conserver.
Tout au long de ces combats dans les Vosges, les allemands se signalent par une défense acharnée sur les positions de crête, l'utilisation du feu déclenché à très courte distance avec une discipline et un sang froid remarquables, l'action des tireurs d'élite et une pratique inégalable de l'infiltration sous bois.
Le 17 octobre à midi, l'attaque dans les Vosges est stoppée sur ordre du général de LATTRE. L'effort de l'Armée revient alors au 1° CA sur le flanc sud ou une offensive est préparée pour le 13 novembre. L'aube du jour J se lève dans un paysage de neige, des évanouissements par le froid se produisent parmi les troupes en attente.
L'attaque est reportée au lendemain.
Le 14 novembre, le 1° CA du général BETHOUART déclenche l'offensive de part et d'autre du Doubs sur un front d'une vingtaine de kilomètres. Quatre jours plus tard, la bataille de rupture est gagnée, la brèche ouverte devant Belfort, l'exploitation vers Mulhouse est engagée, le Rhin bientôt atteint.
L'ennemi après avoir cherché à isoler les éléments blindés aventurés à l'est de Delle préfère décrocher et se rétablir au nord de la Doller. Un moment les Combat command et les 1° et 5° DB espèrent pouvoir le prendre de vitesse et donner la main à la 2° DB venant de Strasbourg. Le front se stabilise et une poche se constitue autour de Colmar.
Une première attaque lancée par la 9° DIC au nord de Mulhouse se solde par un échec. Deux jours plus tard le front s'anime sur la Doller. Les tirailleurs marocains des 2° DIM et 4° DMM ouvrent bien la voie aux blindés des 1° et 5° DB mais ceux-ci ne parviennent pas à atteindre Cernay.
Dans le secteur des Vosges les éléments de la 3° DIA renforcés par les Tabors marocains et le 2° spahis de reconnaissance abordent les cols du Bonhomme et de la Schlucht mais ne peuvent déboucher au delà.
Dans la plaine d'Alsace, la 2°DB venue de Strasbourg est engagée en direction du sud, de part et d'autre de l'Ill dans le cadre du 6° CA US. Le groupement DIO est lancé sur Erstein.
Trois jours plus tard, Marsouins du I/RMT et Cuirassiers du 12° RC sont devant Boofzheim. A 8heures, l'artillerie (canons de 105) ouvre le feu, l'attaque commence. A 8h30, le dernier obus tombe, la compagnie entre dans le village. Il ne semble pas que l'ennemi ait l'intention de tenir une tête de pont à tout prix à l'ouest. Tout au plus il retarde au maximum l'avance alliée.
Depuis le 5 décembre les éléments alliés sur la face nord de la poche (36 th ID US et 2° DB ) sont aux ordres du 2° CA. Les américains qui avec la 5° DB participent aux combats vers Orbey et Kaysersberg se heurtent à une résistance acharnée. Dans la plaine la progression est retardée par les inondations.
Le 9 décembre, la résistance allemande se durcit, l'adversaire intensifie ses contre attaques et de nombreux renforts passent le Rhin. Le général de MONSABERT en dépit de mauvais temps décide de poursuivre son offensive avec Colmar comme objectif. Attaques et contre attaques se succèdent. Dans le secteur nord la 2° DB est contrainte de manœuvrer par les parties inondées alors que les allemands sont au sec et disposent de chars plus récents. La 2° DB reçoit un renfort en artillerie lourde et en infanterie.
Le 13 décembre le GT VESINET se lance sur Witternheim qu'il occupe en début d'après midi. Pour le I/1° RCP l'attaque démarre à 6h30 à partir des lisières de Herbsheim. La première vague avec 37 hommes subit de lourdes pertes. Seuls 4 hommes restent. A 10h30, deux compagnies pénètrent dans le village. Ce n'est qu'à midi que les premiers chars retardés par les abattis et les bouchons de mines atteignent Witternheim. Au cours de cette campagne le I/1° RCP perd 33 tués, 147blessés soit 35% de l'effectif combattant. D'autres unités subissent des pertes aussi lourdes pour des gains insignifiants.
Le 15 décembre, l'offensive franco américaine sur Colmar démarre par beau temps. Les effets de l'offensive allemande dans les Ardennes commencent à se faire sentir, les divisions de renfort promises par les américains ne pouvant être accordées. De LATTRE est contraint de faire adopter une attitude défensive au 1° CA sur la face sud et de confier au 2°CA le poids de la bataille au nord et au nord ouest.
Le 18 décembre, un élément de la 5° DB enlève Ammerschwihr ouvrant la porte à une exploitation possible vers Colmar. Mais le temps, la vive résistance de l'ennemi ralentissent la progression du 2° CA en plaine d'Alsace ou sur la ligne de crête des Vosges.
Le 22 décembre, de LATTRE propose l’arrêt momentané des opérations du 2° CA dont les unités sont à bout de souffle et la reprise de l'offensive en direction de Neuf Brisach début janvier 1945.
Crise de l'hiver 1944/45
L'Armée de la Libération traverse une crise grave en raison de difficultés logistiques mais surtout de la pénurie d'effectifs. Fin 1944, certains bataillons d'infanterie engagés depuis le début de la campagne d'Italie ont perdu tous leurs officiers. Dans certaines unités le pourcentage atteint 85 à 90%. A la même époque la 1°Armée estime que depuis le 16 aout les pertes varient de 30% pour les Tabors marocains et la 4° DMM, à plus de 50% pour la 2° DIM et la 9° DIC. Elles atteignent même 110% pour la 3° DIA dont tout l'effectif combattant a effectué au moins un séjour à l’hôpital pendant les 4 mois.
On estime à plus de 45 000 le nombre d'hommes mis hors de combat depuis le débarquement: 9 000 tués, 34 000 blessés, 1 800 disparus. La période de stabilisation après les offensives des Vosges et d'Alsace est la plus meurtrière avec plus de 3 000 tués, 11 600 blessés, 1 300 disparus pour un effectif moyen de 248 000 hommes.
A la 9° DIC, le 6° RTS devenu 6° RIC a perdu 1230 hommes dont 50 officiers soit près de la moitié de ses effectifs en grande partie à cause des mines.
Le 6° RTS s'est transformé en 6° RIC grâce à l'apport de jeunes engagés qui assurent la relève des tirailleurs africains.
Au début de décembre, 87 000 ont rejoints les rangs de la 1° Armée: 20 000 dans les Alpes au sein de la division alpine et 67 000 sur le front du nord est. Trente mille ont été engagés individuellement dans les unités d'Afrique dont 4 000 appartenant à une dizaine de formations intégrées dans le cadre du blanchiment. Quinze mille (dont les 4 000) ont été absorbés par les deux divisions coloniales et 10 000 provenant d'une vingtaine d'unités FFI dissoutes ont été ventilés dans les trois divisons nord africaine à titre de renforts individuels.
A la 9° DIC, un premier centre de regroupement et d'instruction a été installé courant septembre au camp de La Valbonne, il a permis d'incorporer 2 000 engagés qui ont remplacé les tirailleurs. Des bureaux de recrutement sont ouverts à Grenoble, Dijon, Pontarlier et un second centre aménagé au camp du Valdahon. Courant octobre, 9 000 autres africains sont relevés.
Le recrutement direct et l'absorption d'unités FFI donnent aux divisions coloniales particulièrement à la 9°DIC une physionomie nouvelle.
La 9° DIC intègre successivement:
_le groupe franc du 141° RIA (300 hommes) d'Aix en Provence et Marseille devenu la 2° compagnie du I/13° RTS
_le bataillon de Grande Chartreuse (600 hommes) issu de l'AS de l'Isère:II/13° RTS
_la compagnie MAX (130 hommes) du maquis d'Auberive (Hte Marne) au I/4°RTS
_la compagnie FABRE D'EGLANTINE du bataillon de Cluny au I/13°RTS
_le bataillon de Guyenne (650 hommes) de l'Organisation civilo militaire des Basses Pyrénées, Gironde et Landes avec des éléments des Chantiers de jeunesse intégrés au II/6°RTS
_la 7° compagnie dite des guides du Lomont (AS du Doubs) au RICM pour former un groupe d'escadrons de protection
_le bataillon de Chaumont (530 hommes) intégré au I et II/4° RTS
Il reste à venir la réduction de la poche de Colmar prévue fin janvier 1945. Elle sera après les combats de Provence et de Belfort l'une des batailles les plus couteuses de l'Armée de la Libération.
william
Le 20 septembre 1944 après la poursuite aux trousses des allemands retraitant du sud de la France, le contact est rétabli sur l'ensemble du front de la 1° Armée française. Tous les renseignements indiquent un raidissement de la résistance allemande à hauteur de Belfort.
Les unités venues de Provence sont à bout de souffle et leur matériel est dans un état pitoyable. Les deux divisions d'infanterie marocaine, arrivant d'Italie tardent à rejoindre faute de véhicules et de carburant. Le temps est devenu pluvieux et froid alors que les tenues d'hiver sont dans les bagages en panne à Marseille, Toulon ou Naples.
Fin septembre 1944 à son PC de Rougemont, le général de MONSABERT persuade le général de LATTRE que le dispositif allemand au nord de la trouée de Belfort manque de consistance. L'avance par les Vosges est envisageable, elle est même la seule possible dans l'immédiat compte tenu de la lenteur de l'acheminement des troupes, du matériel et des ravitaillements nécessaires à la grande offensive devant Belfort.
Pour le commandant de la 1° Armée la manœuvre par les Hautes Vosges a 2 avantages: elle n'exige pas une grande participation de l'artillerie et elle devrait surprendre l'ennemi préoccupé par la poussée constante plus au sud.
Le report de l'effort de la 1°Armée de la droite sur la gauche peut amener la pénétration en Alsace avant les grands froids et économiser une bataille de rupture à échéance incertaine dans la trouée de Belfort en menaçant d'encerclement des divisions allemandes qui la défendent.
L'attaque partie le 4 octobre se solde par l'échec des chars de la 1° DB appuyée par les tirailleurs algériens et les parachutistes. Reprise le lendemain avec l'ensemble de la 3° DIA, elle aboutit après 5 jours de combat acharnés à la conquête de la crête de Longegoutte base de départ de l'offensive au delà de la Maselotte.
Les éléments du 1 RCP infiltrés dans la nuit, compagnies les unes derrières les autres, chaque homme tenant le précédent par la musette d'assaut, se sont enfoncés de 8km dans la forêt de Gehan et se trouvent isolés. Les blessés s'entassent au PC du régiment, certains meurent faute d'avoir pu être opérés à temps. Un convoi de ravitaillement et d'ambulances permet d'évacuer les blessés et de répartir vivres et munitions entre les compagnies.
Le 9 octobre, l'attaque repart conter Winterlinie. Du 11 au 14 octobre, attaques et conter attaques se succèdent dans le froid et la pluie. Les grenadiers allemands opposent une résistance farouche aux goumiers et tirailleurs engagés aux cotés des parachutistes et des FFI venus à la rescousse. Les chars progressent avec difficulté sur les pistes de montagne et avancent au pas des fantassins.
Les régiments ont leur 3 bataillons en ligne, harcelés jours et nuits par l'artillerie adverse, ravitaillés par mulets avec à peine un repas par jour. Les pertes s'alourdissent et la situation des FFI commence à donner quelques inquiétudes. La division algérienne et les goumiers sont à la limite de l'épuisement. Pour les épauler un régiment frais de la 4° division marocaine destiné à l'exploitation vers la plaine d'Alsace leur est adjoint. C'est le 6° RTM qui est ainsi chargé comme les parachutistes du 1° RCP et les commandos du Groupement d'Afrique pour les blindés de la 1° DB d'ouvrir la voie à la 3° DIA.
Débarqué le 2 octobre au Dramont le régiment et son échelon muletier ont rejoint 10 jours plus tard la région de Saulxures. L'objectif est le Haut du Faing. L'attaque débute le 16 octobre au petit jour. Très vite les combat atteignent une rare violence. Les munitions manquent et les chars doivent intervenir pour éliminer les résistances. Les cadres ou les servants d'armes automatiques sont particulièrement visés par les snipers qu'il faut déloger au mortier sans se servir de la plaque de base. L'objectif est enfin coiffé en début d’après midi. Pour rendre compte les postes radios sont noyés sous la pluie ou les émissions sont arrêtées par les nombreux masques.
Le 17, l'ennemi tente de reprendre le Haut du Faing. Entre 6heures et 9 heures du matin il contre attaque à quatre reprises avec chaque fois la valeur de 1 à 2 compagnies appuyées par de violentes concentrations d'artillerie et de mortiers.
Le bataillon de réserve doit être engagé pour permettre de garder la position.Les pertes sont lourdes dues aux obus fusants dans les sapins. Les blessés quittant les lignes jettent leurs munitions à ceux qui restent.
A 9h30, le silence retombe, d'abord cloué au sol le bataillon d'assaut ennemi se replie en débandade laissant les morts sur le terrain.
Le 6° RTM a perdu une centaine d'hommes pour s'emparer du Haut du Faing, il lui en coute 700 autres pour le conserver.
Tout au long de ces combats dans les Vosges, les allemands se signalent par une défense acharnée sur les positions de crête, l'utilisation du feu déclenché à très courte distance avec une discipline et un sang froid remarquables, l'action des tireurs d'élite et une pratique inégalable de l'infiltration sous bois.
Le 17 octobre à midi, l'attaque dans les Vosges est stoppée sur ordre du général de LATTRE. L'effort de l'Armée revient alors au 1° CA sur le flanc sud ou une offensive est préparée pour le 13 novembre. L'aube du jour J se lève dans un paysage de neige, des évanouissements par le froid se produisent parmi les troupes en attente.
L'attaque est reportée au lendemain.
Le 14 novembre, le 1° CA du général BETHOUART déclenche l'offensive de part et d'autre du Doubs sur un front d'une vingtaine de kilomètres. Quatre jours plus tard, la bataille de rupture est gagnée, la brèche ouverte devant Belfort, l'exploitation vers Mulhouse est engagée, le Rhin bientôt atteint.
L'ennemi après avoir cherché à isoler les éléments blindés aventurés à l'est de Delle préfère décrocher et se rétablir au nord de la Doller. Un moment les Combat command et les 1° et 5° DB espèrent pouvoir le prendre de vitesse et donner la main à la 2° DB venant de Strasbourg. Le front se stabilise et une poche se constitue autour de Colmar.
Une première attaque lancée par la 9° DIC au nord de Mulhouse se solde par un échec. Deux jours plus tard le front s'anime sur la Doller. Les tirailleurs marocains des 2° DIM et 4° DMM ouvrent bien la voie aux blindés des 1° et 5° DB mais ceux-ci ne parviennent pas à atteindre Cernay.
Dans le secteur des Vosges les éléments de la 3° DIA renforcés par les Tabors marocains et le 2° spahis de reconnaissance abordent les cols du Bonhomme et de la Schlucht mais ne peuvent déboucher au delà.
Dans la plaine d'Alsace, la 2°DB venue de Strasbourg est engagée en direction du sud, de part et d'autre de l'Ill dans le cadre du 6° CA US. Le groupement DIO est lancé sur Erstein.
Trois jours plus tard, Marsouins du I/RMT et Cuirassiers du 12° RC sont devant Boofzheim. A 8heures, l'artillerie (canons de 105) ouvre le feu, l'attaque commence. A 8h30, le dernier obus tombe, la compagnie entre dans le village. Il ne semble pas que l'ennemi ait l'intention de tenir une tête de pont à tout prix à l'ouest. Tout au plus il retarde au maximum l'avance alliée.
Depuis le 5 décembre les éléments alliés sur la face nord de la poche (36 th ID US et 2° DB ) sont aux ordres du 2° CA. Les américains qui avec la 5° DB participent aux combats vers Orbey et Kaysersberg se heurtent à une résistance acharnée. Dans la plaine la progression est retardée par les inondations.
Le 9 décembre, la résistance allemande se durcit, l'adversaire intensifie ses contre attaques et de nombreux renforts passent le Rhin. Le général de MONSABERT en dépit de mauvais temps décide de poursuivre son offensive avec Colmar comme objectif. Attaques et contre attaques se succèdent. Dans le secteur nord la 2° DB est contrainte de manœuvrer par les parties inondées alors que les allemands sont au sec et disposent de chars plus récents. La 2° DB reçoit un renfort en artillerie lourde et en infanterie.
Le 13 décembre le GT VESINET se lance sur Witternheim qu'il occupe en début d'après midi. Pour le I/1° RCP l'attaque démarre à 6h30 à partir des lisières de Herbsheim. La première vague avec 37 hommes subit de lourdes pertes. Seuls 4 hommes restent. A 10h30, deux compagnies pénètrent dans le village. Ce n'est qu'à midi que les premiers chars retardés par les abattis et les bouchons de mines atteignent Witternheim. Au cours de cette campagne le I/1° RCP perd 33 tués, 147blessés soit 35% de l'effectif combattant. D'autres unités subissent des pertes aussi lourdes pour des gains insignifiants.
Le 15 décembre, l'offensive franco américaine sur Colmar démarre par beau temps. Les effets de l'offensive allemande dans les Ardennes commencent à se faire sentir, les divisions de renfort promises par les américains ne pouvant être accordées. De LATTRE est contraint de faire adopter une attitude défensive au 1° CA sur la face sud et de confier au 2°CA le poids de la bataille au nord et au nord ouest.
Le 18 décembre, un élément de la 5° DB enlève Ammerschwihr ouvrant la porte à une exploitation possible vers Colmar. Mais le temps, la vive résistance de l'ennemi ralentissent la progression du 2° CA en plaine d'Alsace ou sur la ligne de crête des Vosges.
Le 22 décembre, de LATTRE propose l’arrêt momentané des opérations du 2° CA dont les unités sont à bout de souffle et la reprise de l'offensive en direction de Neuf Brisach début janvier 1945.
Crise de l'hiver 1944/45
L'Armée de la Libération traverse une crise grave en raison de difficultés logistiques mais surtout de la pénurie d'effectifs. Fin 1944, certains bataillons d'infanterie engagés depuis le début de la campagne d'Italie ont perdu tous leurs officiers. Dans certaines unités le pourcentage atteint 85 à 90%. A la même époque la 1°Armée estime que depuis le 16 aout les pertes varient de 30% pour les Tabors marocains et la 4° DMM, à plus de 50% pour la 2° DIM et la 9° DIC. Elles atteignent même 110% pour la 3° DIA dont tout l'effectif combattant a effectué au moins un séjour à l’hôpital pendant les 4 mois.
On estime à plus de 45 000 le nombre d'hommes mis hors de combat depuis le débarquement: 9 000 tués, 34 000 blessés, 1 800 disparus. La période de stabilisation après les offensives des Vosges et d'Alsace est la plus meurtrière avec plus de 3 000 tués, 11 600 blessés, 1 300 disparus pour un effectif moyen de 248 000 hommes.
A la 9° DIC, le 6° RTS devenu 6° RIC a perdu 1230 hommes dont 50 officiers soit près de la moitié de ses effectifs en grande partie à cause des mines.
Le 6° RTS s'est transformé en 6° RIC grâce à l'apport de jeunes engagés qui assurent la relève des tirailleurs africains.
Au début de décembre, 87 000 ont rejoints les rangs de la 1° Armée: 20 000 dans les Alpes au sein de la division alpine et 67 000 sur le front du nord est. Trente mille ont été engagés individuellement dans les unités d'Afrique dont 4 000 appartenant à une dizaine de formations intégrées dans le cadre du blanchiment. Quinze mille (dont les 4 000) ont été absorbés par les deux divisions coloniales et 10 000 provenant d'une vingtaine d'unités FFI dissoutes ont été ventilés dans les trois divisons nord africaine à titre de renforts individuels.
A la 9° DIC, un premier centre de regroupement et d'instruction a été installé courant septembre au camp de La Valbonne, il a permis d'incorporer 2 000 engagés qui ont remplacé les tirailleurs. Des bureaux de recrutement sont ouverts à Grenoble, Dijon, Pontarlier et un second centre aménagé au camp du Valdahon. Courant octobre, 9 000 autres africains sont relevés.
Le recrutement direct et l'absorption d'unités FFI donnent aux divisions coloniales particulièrement à la 9°DIC une physionomie nouvelle.
La 9° DIC intègre successivement:
_le groupe franc du 141° RIA (300 hommes) d'Aix en Provence et Marseille devenu la 2° compagnie du I/13° RTS
_le bataillon de Grande Chartreuse (600 hommes) issu de l'AS de l'Isère:II/13° RTS
_la compagnie MAX (130 hommes) du maquis d'Auberive (Hte Marne) au I/4°RTS
_la compagnie FABRE D'EGLANTINE du bataillon de Cluny au I/13°RTS
_le bataillon de Guyenne (650 hommes) de l'Organisation civilo militaire des Basses Pyrénées, Gironde et Landes avec des éléments des Chantiers de jeunesse intégrés au II/6°RTS
_la 7° compagnie dite des guides du Lomont (AS du Doubs) au RICM pour former un groupe d'escadrons de protection
_le bataillon de Chaumont (530 hommes) intégré au I et II/4° RTS
Il reste à venir la réduction de la poche de Colmar prévue fin janvier 1945. Elle sera après les combats de Provence et de Belfort l'une des batailles les plus couteuses de l'Armée de la Libération.
william
Dernière édition par william durand le Ven 8 Jan - 8:35, édité 2 fois (Raison : fin le 8 janvier 2021.)
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